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L'apprentissage des langues active des zones clés du cerveau, renforçant la mémoire, l'attention et la plasticité cérébrale, y compris chez les personnes avec des troubles d'apprentissage.

Contrairement aux idées reçues, les personnes présentant des troubles d'apprentissage, tels que la dyslexie, l'autisme ou la trisomie 21, ont la capacité d'apprendre des langues étrangères, et parfois même plusieurs. Des recherches récentes montrent que près de 20 % des enfants autistes exposés à des environnements multilingues acquièrent des compétences bilingues comparables à celles de leurs pairs neurotypiques (Hambly et Fombonne, 2012). Grâce à des méthodes pédagogiques adaptées et à la plasticité cérébrale, ces apprenants peuvent non seulement surmonter les défis linguistiques, mais aussi renforcer leurs capacités cognitives et sociales. Loin d'être un obstacle, l'apprentissage des langues devient un puissant levier, favorisant le développement intellectuel et social des apprenants. Explorons en profondeur les bienfaits de cet apprentissage dans ce cadre spécifique.


Renforcer les Capacités Cognitives Globales : Une Stimulation Inattendue

L’apprentissage d’une langue mobilise des régions spécifiques du cerveau qui gèrent la mémoire, l’attention et la résolution de problèmes. Chez les personnes dyslexiques, qui rencontrent souvent des difficultés avec la reconnaissance des sons et des mots, l’apprentissage de nouvelles langues peut aider à renforcer ces compétences. En effet, Nicolson et Fawcett (2007) ont montré que la pratique régulière de la phonétique en langue étrangère favorise l’amélioration de la lecture et de l'écriture dans la langue maternelle. Ces exercices linguistiques renforcent les bases cognitives essentielles chez les personnes présentant des troubles d'apprentissage, ce qui permet d'atténuer certaines de leurs difficultés spécifiques.


Améliorer la Plasticité Cérébrale : Un Cerveau en Mouvement

La plasticité cérébrale, également appelée neuroplasticité, désigne la capacité du cerveau à se remodeler et à créer de nouvelles connexions neuronales en réponse à l'expérience et à l'apprentissage. Cette propriété est particulièrement active chez les jeunes enfants, mais reste présente tout au long de la vie, permettant au cerveau de s'adapter aux nouvelles informations et d'améliorer ses fonctions.

Lorsque nous apprenons une nouvelle langue, le cerveau est sollicité de manière intense. Des zones spécifiques, telles que le cortex préfrontal (responsable de la planification et du contrôle des tâches cognitives complexes) et l'hippocampe (lié à la mémoire), s'activent. Chez les personnes avec des troubles d'apprentissage, cette activation peut stimuler et renforcer des circuits neuronaux qui seraient autrement moins utilisés ou sous-développés.

Chez les personnes non dyslexiques (à gauche) , les régions cérébrales pour la reconnaissance des mots et le décodage fonctionnent sans encombre. Chez les dyslexiques (à droite) , ces processus sont altérés, causant des difficultés

Pour les personnes atteintes de dyslexie, d'autisme ou d'autres troubles d'apprentissage, l'apprentissage d'une langue peut présenter des défis spécifiques, mais il peut également contribuer à améliorer leur plasticité cérébrale. Le cerveau des personnes dyslexiques, par exemple, a des difficultés à reconnaître les sons et à traiter le langage écrit. Cependant, des études ont montré que l'apprentissage linguistique peut compenser ces difficultés en activant d'autres zones du cerveau, aidant ainsi les apprenants à surmonter certains de ces obstacles. En stimulant l'interaction entre les hémisphères cérébraux et en renforçant les connexions entre les zones associées au traitement phonologique, les apprenants dyslexiques peuvent progressivement améliorer leurs compétences linguistiques.

De même, chez les personnes autistes, la plasticité cérébrale joue un rôle clé. Bien que leur cerveau ait une structure et un fonctionnement légèrement différents, il possède néanmoins une grande capacité d'adaptation. Les recherches montrent que l'apprentissage d'une langue étrangère peut aider à développer des compétences sociales et émotionnelles, tout en renforçant la capacité à passer d'une tâche à une autre, ce qui est souvent une difficulté majeure pour les personnes sur le spectre autistique.

L'apprentissage linguistique stimule non seulement les zones du cerveau liées au langage, mais aussi celles associées à des fonctions telles que la mémoire de travail, la concentration et la résolution de problèmes. Cette stimulation a des effets durables : plus le cerveau est sollicité, plus il devient performant dans la gestion de tâches cognitives complexes. Ces bénéfices sont particulièrement marqués chez les personnes avec des troubles d'apprentissage, car leur cerveau peut exploiter ces nouvelles connexions pour compenser d'autres déficits.

Ainsi, l'apprentissage d'une langue, loin d'être une simple compétence académique, devient un outil pour améliorer le fonctionnement global du cerveau. Il renforce des compétences transversales, comme la capacité à se concentrer sur une tâche, à faire preuve de flexibilité cognitive et à améliorer sa mémoire à court et long terme. La plasticité cérébrale permet donc à ces apprenants de dépasser leurs difficultés initiales et de progresser de manière significative.

L'idée que les personnes avec des troubles d'apprentissage ne pourraient pas maîtriser une nouvelle langue sous-estime grandement la capacité d'adaptation du cerveau humain. Grâce à la plasticité cérébrale, ces apprenants peuvent non seulement surmonter les obstacles linguistiques, mais aussi développer des compétences cognitives essentielles qui leur permettront de mieux s'adapter et de réussir dans d'autres aspects de leur vie.


Mémoire et Concentration : Un Effet Boule de Neige

L'apprentissage linguistique stimule la mémoire de manière intensive. Chaque nouveau mot ou structure grammaticale renforce non seulement la mémoire à court terme, mais aide également à consolider la mémoire à long terme. Chez les personnes atteintes de trisomie 21, dont la mémoire de travail peut être altérée, des études comme celles de Baddeley (2003) montrent que cet exercice favorise une meilleure rétention des informations. En répétant et en pratiquant des éléments linguistiques, les apprenants augmentent leur capacité de concentration et leur mémoire globale. Cette stimulation cognitive régulière est un atout précieux pour améliorer les compétences générales de gestion de l'information.


Multitâche et Résolution de Problèmes : L’Art de Jongler avec l'Information

L'apprentissage des langues implique souvent de jongler avec plusieurs concepts simultanément : des structures grammaticales différentes, des expressions variées, et des contextes spécifiques. Cette capacité à multitâcher, développée par la pratique linguistique, améliore la flexibilité cognitive, notamment chez les personnes ayant des troubles d'apprentissage comme la dyslexie. Bialystok et Al. (2012) ont démontré que les apprenants bilingues présentent une meilleure capacité à traiter plusieurs informations en même temps et à résoudre des problèmes complexes dans d'autres domaines de leur vie quotidienne. Pour les dyslexiques, cette amélioration est cruciale, car elle les aide à organiser et traiter plus efficacement les informations reçues.

Confiance et Estime de Soi : Un Coup de Boost pour l’Avenir

Les personnes atteintes de troubles d'apprentissage peuvent parfois se sentir découragées dans un environnement scolaire traditionnel. Cependant, les progrès accomplis dans l'apprentissage d'une langue étrangère peuvent donner un réel coup de pouce à leur estime de soi. Dewaele et Furnham (1999) ont montré que l'acquisition de compétences linguistiques permet aux apprenants de ressentir un sentiment d'accomplissement, ce qui contribue à améliorer leur confiance en eux. Cette réussite dans une langue étrangère leur donne une motivation supplémentaire pour persévérer dans d'autres aspects de leur parcours académique et professionnel.


Renforcement des Compétences Sociales : Apprendre à Mieux Interagir

Au-delà des aspects linguistiques, l'apprentissage des langues offre également des opportunités d'interaction sociale. Pour les personnes autistes, qui peuvent avoir des difficultés à comprendre et à interpréter les signaux sociaux, ces interactions peuvent être particulièrement bénéfiques. Hobson et Lee (1998) ont constaté que les activités linguistiques, comme les jeux de rôle ou les conversations en classe, aidaient les apprenants autistes à renforcer leurs compétences sociales et à mieux interagir avec les autres. En apprenant à décrypter les indices sociaux dans une nouvelle langue, ils améliorent aussi leur compréhension des interactions dans leur propre langue.


Un Entraînement Cérébral aux Effets Multiples

Apprendre une langue étrangère est bien plus qu'une simple compétence académique. Pour les personnes ayant des troubles d'apprentissage, cet exercice mental contribue non seulement à renforcer leurs compétences linguistiques, mais aussi à améliorer leur plasticité cérébrale, leur mémoire, et leurs capacités sociales. En exploitant les bienfaits cognitifs de l'apprentissage linguistique, ces apprenants peuvent surmonter certains des défis auxquels ils font face et en ressortir avec des compétences qui les accompagneront tout au long de leur vie.